Un peu d’histoire par Claude Belleville

Au temps d’Astérix:

Aucune information pour notre village quant aux temps préhistoriques.

    D’après l’Atlas d’Archéologie aérienne (de M Agache) à l’emplacement du cimetière s’élevaient quelques huttes gauloises (la tribu gauloise qui régnait sur notre région était celle des Ambiens), entre Bovelles et Guignemicourt une construction gallo-romaine, entre Bovelles, Pissy et Clairy une villa gallo-romaine. Cet atlas indique aussi une voie romaine. S’agit-il de celle citée par les auteurs romains et reliant Amiens (Samarobriva) à Londinières ? De toute manière elle ne devait pas suivre le tracé du CD 211 actuel mais être plus au nord et passer vers la ferme de St Christ.

Signalons près de chez nous le camp César de la Chaussée-Tirancourt, oppidum gaulois du type éperon barré qui devient camp romain. Celui-ci protégeait la route de l’étain qui suivait la vallée de SAMARA (la Somme) ? Le grand projet SAMARA concerne cet endroit.

Au temps de la chambre des dames:

Aucune information quant aux grandes Invasions ou Vikings qui pourtant ont remonté la Somme et pillé notre région (St-Riquier, Corbie).

 

  • Bovelles, village du Moyen-Age, se dressait où ? Plus à l’ouest, autour du cimetière ? Plusieurs faits militent dans ce sens :
  • présence du cimetière autour de la chapelle (église du village ?)
  • signes d’habitat : une mare et un puits (signalés dans la notice géographique et historique de 1899 sur laquelle nous reviendrons)
  • un coup d’oeil sur la feuille d’assemblage du plan cadastral montre que la position actuelle de Bovelles par rapport à l’ensemble du terroir du village est excentrée. Alors que Bovelles autour du cimetière est plus au centre de ce terroir.

Ce village aurait été détruit au début du 17ème siècle. Par les Espagnols qui avaient conquis la région ? Pour éviter une nouvelle destruction on aurait reconstruit à l’écart de la route.

Quelques faits authentiques, maintenant :
– Différents noms : Botvelle (1105), Bovella (1178), Bovelle (1301)
– Organisation écclésiastique : Paroisse du doyenné de Picquigny, archidiaconé et diocèse d’Amiens. Le curé avait 8 gerbes sur 18, l’Hôtel Dieu d’Amiens 4 et les 6 autres appartenaient à 2 chapelains de la cathédrale d’Amiens.
– Organisation civile : Prévoté de Beauvaisis à Amiens et baillage d’Amiens. Election d’Amiens et intendance de Picardie.
– Seigneurie : le plus ancien seigneur connu est Robert de Riencourt, en 1297, seigneur en partie. Puis Gilles de Loveroy, Jean de Loveroy…Dés 1364, Jacques Compère, bourgeois d’Amiens était aussi seigneur. Puis François de Bilques…

Quant au nombre d’habitants, pas d’information (la plus ancienne indication donne 400 habitants en 1698).

Enfin, la proximité du château de Picquigny, château fort, a du influencer la vie au Moyen-Age de notre village. (il y avait un souterrain partant du cimetière et arrivant au château de Picquigny)
Par ailleurs, à Saisseval, la place du village s’appelle “La Maladrerie”, il y avait là, à cette époque, une léproserie.
(Renseignements recueillis dans le dictionnaire historique et archéologique des Antiquaires de Picardie).

Au temps de la renaissance:

Après la longue période moyenageuse (V° au XV° siècle) voici venu le temps de Gutenberg, Christophe Colomb, Luther, Calvin,…
Bovelles fut troublé par les guerres de religion :”En 1594, les revenus de la terre de Bovelles furent donnés à Saisseval parce que François de Boubers était du parti contraire à la ligue, mais ce fut très temporaire car dès 1596 on retrouve François de Boubers, puis ses descendants jusqu’à Marie-Thérèse de Boubers, dame de Mélicoq, Bovelles et autres lieux (Dictionnaire des Antiquaires de Picardie).

Cet ouvrage indique aussi : “Au cimetière, la chapelle en pierres, pourrait être de la fin du XVI° siècle. La porte principale est en plein cintre; un larmier règne sur la façade, se contournant en archivolte au-dessus de la porte; l’intérieur est plus bas que le sol, la nef est voutée en bois recouvert d’enduit, avec entraits et poiçons apparents, blochets, le tout grossièrement travaillé. Cette chapelle passe pour avoir été l’église du village qui se serait déplacé.”

En 1636, année de la prise de Corbie par les Espagnols, ceux-ci rançonnèrent Guignemicourt, Oissy et Riencourt. Ces villages sont proches de Bovelles. Pas de trace de rançon pour Bovelles. Aurait-on refusé ? Le village aurait-il alors été détruit puis reconstruit à l’emplacement actuel ?

Au temps des monarques absolus:

Apparaissent plusieurs écritures pour le nom du village : Bouelle (1648), Brouelle (1761) Bouvelles Bouelles, notamment sur les registres d’état-civil.
A noter que la mairie possède l’ensemble de l’état-civil du village de 1660 à nos jours (registres reliés, actes bien conservés et lisibles)
Quelques renseignements sur le nombre d’habitants : 400 en 1698, 292 en 1724, 322 en 1726 et 328 en 1772.
En 1769, la seigneurie comprenait maison seigneuriale et bâtiments divers, cours, jardins, pourpris, terres, bois, censives,…relevait de Boves en pairie pour une partie, d’Oissy pour une autre, et de Picquigny en deux fiefs pour une troisième qui consistait en bois dits bois des Ailes de la forêt d’Ailly.

En 1769, Charles Louis Emmanuel de la Fons des Essarts, chevalier seigneur de Vaugenlieur, Marais, Bovelles et autres lieux, vendit la terre et la seigneurie à Jean-Baptiste Vacquette de Gribeauval. Celui-ci (1715-1789), chevalier, lieutenant-général des armées du Roi fit construire le château de Bovelles. Les bâtiments de service (ferme actuelle du château) étaient destinés au logement de cent hommes à cheval auxquels avait droit le général.

Le château fut construit à partir de 1780. Au point de vue architectural, il appartient aux constructions de cette époque dites “de briques et de pierres”. Les briques nécessaires furent confectionnées à Bovelles (briquetterie anciennement sise à l’emplacement de la propriété de Monsieur Bellettre, ce qui explique la déclivité du terrain) et la chaux venait d’un four toujours visible près de la décharge.

A l’intérieur du château, dans la salle à manger, on peut voir un poêle autrichien, en faïence qui nous rappelle que le général de Gribeauval de par ses fonctions voyagea beaucoup. Ce poële par un système de canalisations chauffe le sol de plusieurs pièces.

A noter aussi la charpente assemblée sans un clou et tout en châtaignier (pour éloigner les insectes et les araignées).

A l’arrière, on trouve un arbre aussi âgé que le château lui-même. Et plus loin, d’un point du parc partaient sept allées au bout desquelles on pouvait apercevoir les clochers des villages voisins de Bovelles. Ceci a disparu mais on en trouve encore trace sur le plan cadastral du village.

Premier inspecteur de l’artillerie, le général de Gribeauval réorganise entièrement cette arme et dote l’armée française d’un matériel qui fit toutes les campagnes de la Révolution et de l’Empire. Napoléon 1er a reconnu avoir remporté maints succés grâce au “canon Gribeauval”.

A la mort du général, sa soeur Mademoiselle Vacquette de Fréchencourt hérita du domaine. Elle mourut, célibataire, peu d’années après. Par divers legs, le domaine passa à la famille du Bos.

Près de l’église existe encore l’ancien manoir seigneurial ayant appartenu à la famille Romanet. C’est une construction en briques du XVIII° siècle n’ayant qu’un étage mansardé sur rez-de-chaussée (château Perdu).

Deux siècles encore pour en revenir au temps présent:

De la Révolution à maintenant, en passant par l’Empire, les derniers Rois et les diverses Républiques. Les documents (écrits, bâtiments, témoignages) se font plus nombreux et c’est avec eux que nous finirons d’évoquer l’histoire de notre village.

1790 : Bovelles est chef-lieu du 4° canton (district d’Amiens). Le canton comprend 18 communes : Bovelles, Saisseval, Ferrières, Saveuse et Toulay, Saleux, Salouël, Pont-de-Metz, Clairy-Saulchoix, Creuse, Guignemicourt et le Quesnel, Rumaisnil, Taisnil, Fluy, Seux, Pissy, Revelles et Gournay, Briquemesnil et Floxicourt.
Bovelles était alors 8° justice de paix.

1815 : Plan du village et de son terroir établi sous l’autorité du baron de la Tour de Pin, préfet. On y voit la rue Sotte et la rue Neuve en impasses, l’emplacement du moulin à vent, la mare devant l’école,…

1866 : Accord du Conseil municipal pour la construction d’une nouvelle église en lieu et place d’une église jugée trop petite et en mauvais état.. “Le conseil de fabrique” et Monsieur de Francqueville offrent ce bâtiment à la commune (coût 100.000 F). Pendant les travaux, les paroissiens suivaient les offices dans la chapelle du cimetière.
Un an plus tard, décision de construction du presbytère et de la cabane à pompe.

1880 : Le Conseil municipal vote la construction d’une Mairie-Ecole avec logement de fonction pour l’instituteur (c’est l’actuelle propriété de Monsieur Georges Dhondt, près de la mare).

1899 : Extraits de la notice géographique et historique rédigée par Monsieur Dupuis, instituteur :

“La population de Bovelles vit avec une certaine aisance que l’on remarque à première vue. Chaque chef de famille est pour ainsi dire propriétaire de sa maison et souvent même de certains petits immeubles qui lui rendent la vie plus facile. Le Bureau de bienfaisance qui a peu de ressources, du reste, ne vient en aide qu’à quelques vieillards peu aisés ou à 2 ou 3 familles nombreuses. L’instruction y est assez répandue.”

“La vie y est facile : on y trouve tout ce dont on a besoin. Les gens d’état et les commerçants y sont nombreux : 3 boulangers, 4 charcutiers, 4 épiciers, 2 maréchaux…”

“C’est un village qui prendrait certainement de l’extension si quelque industrie venait à s’y établir.”

1914 -1918 : Bovelles, comme les villages voisins, est un village-repos pour les combattants. Un aérodrome était installé à proximité du cimetière.
Après la guerre, on érigera le monument aux morts, construit sur un ancien puits.

1925 : On commence l’électrification du village.

1935 : C’est le tour de l’adduction d’eau.

1941 : On achève le remembrement des terres.

1939 – 1945 : Les allemands ont occupé le village et s’étaient établis au château et chez Perdu. Devant le château, poussèrent les “asperges Rommel”.
Bovelles possédait son moulin à vent dont il ne reste que l’emplacement (sortie du village, vers Guignemicourt, bosquet à gauche). Les ailes n’ont plus tourné quelques années après la première guerre mondiale. Durant la dernière guerre, la tempête a mis bas le moulin, et les vestiges en ont été dispersés.
Le village sera desservi jusqu’après 45 par un “tortillard” (ligne Amiens-St-Roch – Beaucamps le Vieux). Il y avait la gare de Guignemicourt-Bovelles (toujours visible entre les deux villages) et l’arrêt Pissy-Revelles du lieu-dit “La Grimpette” (sur la route Bovelles-Pissy). Ce moyen de communication sera remplacé par un service régulier d’autocars.

Evolution de la population de Bovelles de 1836 à 1936 (d’après les recensements)
1836 : 580 habitants
1851 : 539     ”
1872 : 461     ”
1881 : 408     ”
1906 : 290     ”
1911 : 253     ”
1921 : 243     ”
1926 : 250     ”
1931 : 217     ”
1936 : 233     ”
Derniers recensements :
1968 : 206 habitants
1975 : 241     ”
1982 : 273     ”
1990 : 336     ”
1999 : 340     ”
Actuellement, le village compte 434 habitants.

Pour en savoir plus : https://fr.geneawiki.com/index.php/80130_-_Bovelles